Antigone d’après Antigone de Sophocle

Publié le par nouvellesrepliques

Traduction Irène Bonnaud et Malika Hammou

Par la troupe du Théâtre Permanent (Aubervilliers 2009)

Avec Renaud Bechet, Virginie Colemyn, Julian Eggerickx, Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon, Ulysse Pujo, Natalie Royer et le choeur public - Mise en scène Gwenaël Morin

 

Au Théâtre du Point du Jour, du  17 au 27 juillet 2012

 

            C’est un spectacle en plein air, sur le parking du théâtre du Point du Jour que nous propose cette fois-ci Gwenaël Morin et la troupe du Théâtre Permanent. Après Hamlet présenté au mois d’avril au théâtre, Morin revisite l’Antigone de Sophocle, spectacle qu'il a crée en 2009  à Aubervilliers.

            Dans cette nouvelle mise en scène, on reconnaît les caractéristiques artistiques de la troupe du Théâtre Permanent. C’est une théâtralité franche, un refus de toute illusion qui est assumé ici : on essaie pas de « faire vrai » ni « joli ». Décors et accessoires en cartons donnent vie aux personnages, convention claire et acceptée par les comédiens comme par le public : Le trône du roi Créon se réduit à une simple chaise, la tombe d’Antigone à une planche de bois dressée à la verticale, les costumes des deux sœurs Ismène et Antigone à une simple jupe et une perruque. Rôles qui sont d’ailleurs tenus par des hommes : et après la surprise du début et le rire inévitable que ce choix entraîne, nous n’éprouvons plus aucune peine à accepter ces deux comédiens comme figures féminines. Créon, interprété par une femme, est tout aussi crédible.


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            Dans ce spectacle, la troupe s'attache à nouveau à explorer de nouveaux rapports au public : avec Hamlet, le spectateur était souvent pris à parti. Ici, il est entièrement inclus dans la représentation, via le chœur public, comme c'était déjà le cas dans Introspection présenté en janvier dernier. Pendant quelques jours, des volontaires non professionnels ont répété avec l'équipe pour composer un chœur à la manière du chœur antique, qui commente les actions des personnages et représente par la même occasion le peuple de Thèbes. Cette parole, scandée par une vingtaine de personnes à l'unisson, donne plus de force à cette tragédie, et rythmée par le son du tambour, instaure une sorte de musique dans le spectacle.

Cet Antigone est en réalité plus une manifestation théâtrale qu'un spectacle. Tout d'abord à cause de cette dimension révolutionnaire due aux banderoles qui annoncent le spectacle, et  l'aspect « fabriqué » du décor. Et puis, il s'agit surtout d'une manifestation publique, collective et j'ose dire citoyenne : le théâtre comme « chose publique », tel qu'il se voulait dans l'Antiquité. Un théâtre qui rassemble le peuple, au-delà de ses différences. Un théâtre auquel chacun peut participer, que chacun peut contribuer à construire. Une action (ré)unificatrice.

 

Delphine Leroy

Publié dans Emergences

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