Au bord de la route

Publié le par nouvellesrepliques

Textes  d’Alison Cosson

Compagnie la Rumeur

Création danse théâtre

Avec : Samih Arbib, Mara Bijeljac, Adrien Casalis, Sophie Chauvet, Anthony Duarte,

Yasminn Magid, Anna Perrin, Pierre Possien, Erwin Sailly

Conception, mise en scène et chorégraphie : Patrice Bigel

Scénographie, lumières, costumes : Jean-Charles Clair

Conception sonore : Julie Martin

Images vidéo : Valentin Bigel, Alice Gavin

 

Le dispositif de départ est simple et épuré : une scène vide recouverte au sol de petits

carreaux de salle de bain, trois grands pans blanc en arrière scène sur lesquels seront

projetés les vidéos, quelques cubes blancs où les danseurs/acteurs sont assis. Désarmant

de simplicité. Désarmant. Car à peine a-t-on franchi la porte de la salle de la Fabrik que

déjà on sait. On sait, on sent, on perçoit. Parce que cʼest déjà palpable. Tout est déjà

tellement palpable. Les garçons sʼallongent au sol et dans le silence du public qui respire,

ça commence. Ça. On ne sait pas bien quoi. De la danse. Du théâtre. De la vidéo. On ne

sait pas bien quoi mais déjà on sait. On va en prendre plein la gueule.

Cinq  jeunes hommes et quatre jeunes femmes vont nous exploser à la figure pendant une heure. Et on va en redemander.

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Le dispositif reste aussi désarmant du début à la fin : des moments de danse, entrecoupés

de «portraits» en vidéo live. La danse se fait lente et douloureuse. Épuisante, épuisée, à

tour de rôle. Puis sauvage et violente. Primaire. Vitale. Les textes sont dʼune justesse à

faire pleurer, tant les comédiens que les spectateurs. Des témoignages dʼerrance, de

drame, de moments où l’on est juste sur la corde.

Cʼest ça, on est sur la corde, pendant une heure, avec eux, à travers eux, dans eux.

Les images (live ou retransmises) finissent dʼachever lʼesthétique déjà parfaite. Les

comédiens dansent aussi bien quʼils jouent. A moins que ce ne soient les danseurs qui

jouent aussi bien quʼils dansent. On ne sait plus trop. Et cʼest lʼimmense réussite de ce

spectacle : nous déposer, puis nous laisser au bord de la route. Nous donner le tourbillon,

les questions, jamais les réponses, nous abandonner au bord de la faille, sans jamais

savoir si on va y tomber ou non. Le tout servi avec une énergie généreuse et un talent

sans conteste.

 

Anne-Sophie Dionot

 

Du 7 au 28 Juillet 2012 22h30 FabrikʼThéâtre, 10 route de Lyon/ impasse Favot 84000 Avignon

Festival d’Avignon off 2012

Publié dans Avignon off 2012

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