Révolte - Par la Cie Auguste Singe

Publié le par nouvellesrepliques

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Avec Benoît Ramos, Laureline Bonot Mise en scène par Matthieu Penchinat

 

 

La faim. La peur. La révolte. Trois pulsions humaines. Trois instincts primaires sur lesquels a choisi de se pencher Matthieu Penchinat. Mais pour se pencher du haut de son nuage, il fallait que ces concepts touchent son âme d'une façon ou d'autre autre. C'est sous le biais du conte qu'ils ont réussi.

Car comme l'explique si bien le conteur, il est des histoires qui viennent vous pousser du coude. Des histoires qui insistent lourdement pour passer des bouches aux oreilles. C'est de ces histoires-là qu'est faite celle qu'on a pu entendre dans la salle du Belvedère au Corum pour le spectacle Révolte. Un conteur, Benoît, et une conteuse, Lauréline, attrapent les oreilles des spectateurs pendant une heure pour leur raconter l'histoire très vraie et très récente d'une révolte d'ouvriers qui voient leur usine menacée de délocalisation.

Alors bien sûr, il faut faire fi de la déco abominable de la salle. Il faut plisser les yeux pour atténuer le blafard des néons pendus au plafond. Il faut faire appel à son imagination.... Et puis si finalement non ? Si finalement ces murs-là, ces lumières-là, cette désagréable sensation d'être là où on ne doit pas être étaient justement la force de cette révolte ?

Et si les mots des conteurs suffisaient à faire partir l'imagination des spectateurs bien au-delà du Corum ? Bien au-delà de la ville ? Bien au-delà de nos petites vies ?

Alors au milieu de ce conte trop moderne car trop "du quotidien" viennent se greffer des histoires anciennes. Celles qu'on s'attend à entendre dans un spectacle de conte. Celles qui se passent il y a très longtemps, avec des princes, des puissants, le diable et les pharaons. Mais elles n'empêchent pas cette révolte contemporaine de revenir à l'assaut. De nous cracher lentement ses mots à la figure. Car quoi faire d'autre ?

On aurait attendu dans un spectacle nommé "Révolte" plus de cris, plus de rage, plus de violence. Mais c'est cela que questionne profondément la Cie Auguste Singe : la révolte intérieure, celle qui bouillonne dans l'injustice de notre société, celle révolte-là peut-elle se crier ? Cette révolte-là ne nous est-elle pas sans cesse enfoncée dans la gorge par nos médias, nos dirigeants, nos patrons ?

Et si vous n'êtes pas d'accord avec cette manière de faire, révoltez-vous !

 

Anne Sophie Dionot

 

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Publié dans Emergences

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