LA NAIVE

NOUVELLES REPLIQUES A AVIGNON

 REGARDS SUR L’ACTUALITE DU FESTIVAL OFF

LA NAIVE

De Fabio Marra

Cie Carrozzone Teatro

Avec Sonia Palau, Seline Oktay, Georges d’Audignon, Fabio Marra, Aurélien Gomis et Claire Boyé – Mise en scène Fabio Marra

Anna est napolitaine, couturière et pauvre, elle vit avec son époux, Federico, qui la trompe avec sa belle sœur et sa meilleure amie. Elle partage aussi son toit avec son père, Mr Gennaro, qui passe ses journées à tourner Federico en dérision et à se moquer de lui. Federico est au chômage et ne désire pas réellement trouver du travail. Il exploite son épouse et elle, l’idéalise, elle ne voit pas ses méfaits, sa fainéantise et ses trahisons.

Voici le canevas de cette comédie italienne, qui ne déplace à aucun moment le cliché que nous pouvons avoir de l’art de ce pays, et des personnages qu’on peut trouver dans sa littérature.

Le spectacle fait sourire parce que la tendresse du cliché pour les emplois des personnages nous amadoue, mais à aucun moment on assiste à des trouvailles ou à des créations.

Tout est code théâtral caricatural, et sous couvert d’influence de Commedia, on assiste à des grimaces et des actes en scène à peine maîtrisés, sympathiques plus que techniques.

Les personnages sont des figures classiques, les situations sont des figures classiques, les gags sont des gags, les humours sont de cliché italien, et le spectacle reste enfermé dans l’image réchauffée de la tragicomédie de petite qualité.

Néoréalisme et Commedia italienne sont ici liés. Ces deux ingrédients sont presque constants dans les productions cinématographiques italiennes d’une autre époque, celles là même qui drainent l’idée que nous pouvons nous faire des tragicomédies traditionnelles transalpines. Et c’est très agréable, mais on attend d’une jeune Compagnie plus d’audace dans ses conceptions dramaturgiques et scéniques.

Je ne pense pas que c’est en déclarant qu’on produit une tragicomédie qui s’inspire de la Commedia et qui reste en décorum néoréaliste qu’on crée un genre neuf ou qu’on en approfondi le style.

En effet, c’est un genre très utilisé qui est devenu carte de visite de la représentation italienne. Autant voir un énième Marius ou Fanny à Marseille, dans un décor bien attendu et littéral, c’est absolument du même ordre.

Les acteurs sont néanmoins très sympathiques, ils dégagent un vrai plaisir d’être en scène, notamment celui de Federico, joué par l’auteur et le metteur en scène, qui est un italien natif, ce qui se ressent bien dans son rapport à sa propre œuvre, pleine de bonne volonté, généreuse et qui veut réjouir son public.

Malheureusement, ces éléments ne suffisent pas à faire une création au sens œuvre première et unique, et l’Italie a bien d’autres aspects à dévoiler que la caricature familiale présentée ici, sans aucune déformation, sans aucune surprise.

On s’attendrit parce qu’on reconnaît tout ce qui est en scène, c’est une caricature réussie mais sans aucune originalité.

J’encourage pourtant cette Compagnie à poursuivre son travail et à garder ce bel enthousiasme qui la caractérise, et je me rendrais bien volontiers aux prochaines œuvres qui seront présentées pour apprécier les mouvements artistiques qui s’y produiront.

Iris Gamme

Théâtre La Luna – Rue Séverine 84000 Avignon – 16h40 – du 8 au 31 Juillet